De Kratie à Stung Treng ou comment décéder sur un vélo en 2 actes – Acte 2 la fin

Ce matin réveil à 6h ! De toute façon impossible de dormir plus, puisque ici tout le monde est déjà réveillé et s’agite et il y a un concert des coqs du village.

Contrairement à ce que nous avions prévu, notre hôte nous a convaincue de prendre un guide car le chemin n’est pas balisé et les chemins sont souvent fait de sable. Nous avons déjà 46km à faire aujourd’hui, ça ne sert à rien de s’en rajouter inutilement en prenant le risque de prendre le mauvais chemin… 5h de vélo c’est déjà pas mal !

Nous prenons un petit déjeuner local à base de riz blanc, omelette et légumes. Nous ne sommes pas enchanté mais nous n’avons pas le choix ! Et puis nous devons prendre des forces pour cette journée sportive.

Nous traversons le village à l’heure d’aller à l’école. Nous suivons les écoliers en uniforme qui nous disent bonjour. Cette partie de la route est plutôt bonne. A la première intersection nous nous félicitons déjà d’avoir pris un guide car nous aurions pris la mauvaise direction. Là on s’arrête et notre guide nous explique que le chemin devient assez mauvais avec quelques passages dans le sable… la vérité c’est que c’est plutôt quelques passages qui ne sont pas dans le sable. C’est l’horreur !!!! Mon vélo passe pas trop mal, mais là dedans tu as la sensation d’être en train de grimper une montagne alors que c’est plat ! Vyrg quant à elle, n’a pas pris le vélo adéquat et du coup doit souvent descendre pour pousser. Cela lui vaudra un pétage de plomb : elle s’énerve seule sur son vélo en jurant ou le jette par terre quelques fois. C’est vrai que c’est épuisant de s’ensabler, descendre du vélo, remonter, s’ensabler à nouveau,… et ça toutes les 10 minutes !

En plus le paysage n’est même pas beau, tout est sec et tout se ressemble. On ne croise personne, aucun village, à l’exception de deux cyclistes étrangers qui nous disent qu’ils arrivent de l’autre bout de l’île, où nous allons. Ils sont partis 3h00 plus tôt… on comprend que nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. Ça fait plus de 3h qu’on roule et on devait mettre 5h ! Moi je suis toujours un peu malade, Vyrg a déjà fait un soleil avec le vélo (heureusement plus de peur que de mal). Là tu sens dans notre regard un peu/beaucoup de désespoir. On pense à faire demi-tour mais ça ne sert à rien, donc nous continuons. Il fait de plus en plus chaud. Nous nous arrêtons 30 min après car Steve a crevé. Pendant que notre guide change son pneu, il me dit qu’il a déjà atteint ses limites et me demande si je vais y arriver. Je lui réponds que je ne sais pas encore comment mais que je vais y arriver, car de toutes façons il n’y a pas d’autres solutions. So keep going !!

Le problème est que nous n’avons aucune indication sur la distance restant à parcourir, que nous ne croisons personne et que notre guide n’a aucune notion du temps et ne parle très mal anglais. T’as juste envie de lui dire « ça fait un peu 3h que ça fait une demi-heure !!! ». Puis nous commençons à stresser car Steve n’y arrive vraiment plus, il doit s’arrêter tous les 100 mètres. Il s’assoit, il tremble, il n’arrive plus à faire redescendre la température de son corps. Nous sommes épuisées également mais nous n’avons pas le droit de craquer, même si on a l’impression d’être en enfer.

Nous arrivons enfin après 7h de vélo : nous sommes rouges, en sueur et mortes de faim… Il y a une maison ouf ! On jette les vélos et on s’affale par terre épuisées… les habitants sont morts de rires en nous voyant. Ils doivent nous trouver débile de nous infliger ça ! Ils nous permettent d’utiliser leur réserve d’eau pour se mouiller un peu (enfin on s’est pris une douche habillées) puis envoient une personne nous chercher une noix de coco dans l’arbre. Cela fait trop de bien !!!

Notre guide, lui, est frais comme un gardon, c’est juste agaçant. Il nous dit au revoir et enfourche son vélo pour rentrer au village de départ. On comprend pourquoi on l’a payé 20$.

Nous traversons ensuite en bateau pour aller de l’autre coté de la rive. Nous n’avons pas le courage d’aller plus loin. Nous demandons au villageois de Koh Khnhaer si quelqu’un peut nous héberger. On s’entraîne pour Pekin Express ;-) Finalement une nana nous dit qu’elle peut nous héberger. Elle nous propose de venir discuter avec son frère qui est le seul à parler anglais dans le village. Comme la veille à Koh Phdao, nous partagons la seule pièce de la maison avec eux. Ils nous laissent leur lit ou tout du moins le sommier de bois recouvert d’une couverture qui leur sert de lit et donnent le matelas de paille à Steve et eux dormiront sur une paillasse. Autant dire qu’on aurait préféré le matelas de paille !

Nous restons un peu dans le village à trainer. Une vieille dame nous propose de la rejoindre à sa table. C’est la maman de la personne chez qui nous dormons. Elle est contente d’avoir des étrangers avec elles et nous fait ses plus beaux sourires aux dents rouges à force de mâcher du bétel. Elle essaie de nous parler mais on ne comprend rien mais cela l’amuse et nous aussi. Ses petites filles intriguées s’approchent, elles sont tellement mignonnes surtout une et qui par pur hasard s’appelle Lily (ce prénom n’est vraiment fait que pour les plus belles petites filles !!!). Je lui montre une photo de ma nièce qui s’appelle également Lily et cela l’amuse.

Après ça nous partons nous doucher. Et là c’est la surprise, la douche se résume à 2 grosses jarres d’eau sur le coté de la maison à la vue de tout le village. Pour te laver tu dois porter un sarong (tissu cousu en forme de tube dans lequel on s’enveloppe) et te débrouiller pour te nettoyer dessous. Curieuses d’entendre nos rires et nos petits cris quand le sarong manque de tomber, les vieilles du village viennent s’asseoir pas loin pour profiter du spectacle et rire avec nous. C’était vraiment amusant !! Nous mangeons un morceau, je m’amuse un peu avec les enfants, puis les adultes sont intrigués par mon ipad et viennent regarder par dessus mon épaule. On veut se coucher tôt mais toute la famille regarde un film dans la maison… quand il n’y a qu’une seule pièce ce n’est pas pratique.

Le lendemain matin lorsque nous attendons le bus nous croisons la mamie de la veille qui était très contente de nous revoir. Elle me montre mes bras découverts et essaie de me faire comprendre, avec des gestes, de faire attention au soleil et de mettre de la crème (elle nous a adopté je crois). Ses petites filles viennent également nous voir. J’essaie de les faire dessiner mais c’est compliqué. Elles se moquent de mes dessins ! Ensuite nous allons acheter des fruits à un papi qui parle français. Il est tout heureux de nous parler, mais il radote papi ! Après avoir entendu 20 fois de suite qu’il a appris le français à l’université de Phnom Penh pendant la 2nd guerre mondiale, on se dit qu’on va peut être y aller…

Ces moments passés dans ce petit village étaient très agréables et nous ont presque fait oublier nos mésaventures de la veille. Ça restera un bon souvenir du Cambodge.

A 9h00 nous et nos vélos montons dans le bus qui doit nous mener à Stung Treng, car comme vous l’aurez compris on a abandonné le Mekong Discovery Trail. Après la journée de la veille, impossible de remonter sur un engin à 2 roues ! Ils nous mettent au fond du mini bus. Les gens n’arrête pas de monter… on finit par partir charger à bloc ! Nous sommes 25 dans un bus pour 12 ! 1h30 et nous voilà à Stung Treng, ville sans grand intérêt qui nous permettra de passer la nuit avant de partir pour le Laos.

NOS CONSEILS
  • Prendre un guide pour la traverser de Koh Phdao, c’est une question de survie ! A réserver directement chez l’habitant pour un prix fixe de 20$.
  • Dormir dans le petit village de Koh Khnhaer. Directement à droite de l’embarcadère, ils voient bien que vous êtes épuisés et que vous ne pouvez plus avancer et vous proposent donc un tarif trop élevé. Marchez un peu sur votre gauche sur la route principale, dépassez l’intersection et demandez au villageois. Nous avons payé le même prix qu’à Koh Phdao, 8$
  • A Stung treng séjourner à la Tonlé guesthouse. Un peu en dehors de la ville mais très propre, calme et vue sur le Mekong. En plus vous faites une bonne action car c’est une école pour former les Cambodgiens aux métiers de l’hôtellerie.
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